La mode est un secteur sans limite pour la création et l’innovation. Si le « fast-fashion » a connu ses années fastes, de nombreuses alternatives et solutions se développent maintenant grâce à des créateurs ambitieux et soucieux de l’environnement. La tendance est désormais à la singularité et à la réutilisation : Camille Gavelle l’a bien compris avec son entreprise LadyKme, une marque colorée qui crée et offre une seconde vie aux vêtements. Habitée par l’amour de la différence, cette diplômée du programme « Fashion Designer » de Georges Brown College à Toronto réalise des pièces uniques qui mettent de la couleur dans la vie de ceux qui les portent. Quartier d’affaires s’est entretenu avec elle…
En quelques lignes, pourriez-vous me décrire les activités ainsi que les valeurs de votre entreprise ?
« LadyKme est une entreprise “home business" qui donne de la couleur à la vie. Dans mon petit atelier cohabitent deux activités : la création de vêtements et d’accessoires ainsi que la retouche créative. Dans la première, j’utilise le plus souvent possible des tissus naturels 100 % coton ou lin en les combinant avec un esprit de recyclage innovant. Dans la seconde, au gré des demandes de mes clientes, j’offre une deuxième vie aux vêtements de leurs choix grâce à un travail minutieux sur mesure. Ces deux activités s’inscrivent dans une démarche environnementale où le fait-main est au cœur de la création. Afin d’offrir un style toujours plus unique et coloré à mes réalisations, mon processus de création puise son inspiration dans de nombreux domaines. Par exemple, mes doubles caches-cous ou mes longues écharpes d’hiver travaillés avec un assemblement style patchwork sont un clin d'œil à l’art de Mondrian, de par les couleurs, les motifs ou encore l’asymétrie.
La motivation principale de LadyKme est portée par une approche holistique. Je considère que toutes les sphères qui nous entourent sont essentielles pour trouver le bon équilibre dans la vie. J’aime être indépendante et considérée comme une artiste dynamique mélangeant intuition et créativité. Pour citer Albert Einstein, "la créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse". »
Pourquoi l’avez-vous lancée et quelle a été votre motivation ?
« Après un début de vie en France et un emploi établi en tant qu'ergothérapeute, nous avons décidé avec mon mari de traverser l’Atlantique en 2010. Plusieurs expériences dans le milieu social et éducatif plus tard, j’ai décidé d’embrasser le monde de la couture et de mettre en avant mon savoir-faire artistique. Enfant, j’adorais peindre, faire de la mosaïque, concevoir des bijoux ou toute autre activité où je pouvais exprimer mon originalité et ma différence avec mes dix doigts. Cette volonté de création est donc une ambition que je nourris au fond de moi depuis ma plus tendre enfance. Ainsi, pour réaliser ce rêve et l'ancrer dans la réalité, j’ai suivi le programme de « Fashion Designer » de Georges Brown College à Toronto et ai obtenu mon diplôme en 2020. Un enseignement qui m’a permis d’évoluer dans mon processus de création et de réaliser des pièces uniques que l'on ne trouve nulle part ailleurs sur le marché, comme je l’avais toujours souhaité. Par la suite, j’ai commencé à partager mon travail sur des marchés ainsi que sur mon site internet www.Ladykme.com. Grâce au bouche à oreille, ma clientèle continue de se développer au fil des années.
Lorsque j’ai commencé cette nouvelle vie professionnelle, j’aspirais à plusieurs choses : atteindre une flexibilité dans mon horaire pour m’occuper de ma fille, soutenir mon mari dans son parcours professionnel et retrouver un bon niveau d'énergie après plusieurs années passées à construire de nouveaux repères au Canada. Dans cette étape, il était primordial que je puisse réaliser mes rêves et objectifs professionnels créatifs. Créer mon entreprise était donc le parfait compromis pour combiner mes besoins et aspirations. »
En quoi LadyKme se différencie-t-elle des entreprises concurrentes ?
« Je cherche avant tout à être reconnue comme une femme qui entreprend et suit ses aspirations. Je ne pense pas être en concurrence avec d’autres entreprises. Je souhaite pouvoir créer et par la suite peut-être scinder mon business en deux parties. La première en créations et la seconde en animation d’ateliers créatifs en français. Lorsque j’exerçais mon métier d’ergothérapeute en France, j’avais déjà pour habitude d’organiser des ateliers grâce à des activités créatives (peinture sur soie, écriture, argile, couture etc). J’aime pouvoir réutiliser mes compétences et savoir-faire en les adaptant à mes nouveaux projets. »
Pour quelle raison avez-vous choisi de rejoindre la plateforme Quartier d’affaires ?
« Je pense que de promouvoir la langue française ici à Toronto dans quelque domaine qu’il soit est important. Grâce à Quartier d’affaires, j’ai la possibilité d’écrire un article dans ma langue maternelle ce qui permet de mieux exprimer mes idées et de ce fait, de pouvoir mieux sensibiliser les membres de la francophonie ontarienne au sujet de mon cheminement créatif.»
Cherchez-vous d’éventuels partenaires d’affaires sur la plateforme Quartier d’affaires ?
« Toute collaboration et communication me semble pertinente. Lorsque mon activité sera à l’étape de la création d’ateliers créatifs, je pense que la rencontre avec certains partenaires de Quartier d’affaires pourrait être une bonne alternative. Je pense à l’artiste et coach en créativité Gaïa Orion, ou bien encore Christelle Davis de par ses ateliers de Yoga et à sa passion pour l’écriture. »
À quels obstacles faites-vous face en tant que propriétaire d’une entreprise francophone en Ontario ?
« Plutôt que de parler d’obstacles, je dirai qu'il s’agit surtout de défis à relever. Comme toute start-up, même si vous avez déjà une idée de votre future entreprise, vous devez suivre différentes étapes. C'est un escalier que vous devez gravir marche après marche. Pour moi, le principal défi n’était pas tant lié au fait d’avoir lancé mon activité en Ontario, mais plutôt celui de la trésorerie. Quand on choisit la voie de l'entrepreneuriat, on a la liberté de faire ce que l'on veut. Pourtant, d'un point de vue monétaire, vous risquez l'incertitude financière. Je n'aurais pas pu me lancer dans ce projet créatif sans le soutien financier de mon mari, lui aussi entrepreneur. Il nous arrive encore parfois d'avoir de grands moments de doute. Lors de ces périodes on se dit que la persévérance est toujours indispensable et que la vie a toujours des solutions. Ce sont des valeurs que nous essayons de transmettre à notre fille. »
Quels sont les avantages de faire des affaires en français selon vous ?
« Toronto, qui pour moi est le cœur économique du Canada, est vibrante, diversifiée et remplie de gens du monde entier avec des histoires incroyables qui rendent cette ville si unique. C’est d’ailleurs ce qui me plaît avant tout. Apporter une touche de “France” grâce à mes créations me donne beaucoup de sérénité et contribue à petite échelle à faire valoir la culture française. »
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